Esterel, les coins à saucisson
Le col de Théoule
Sur le GR51 qui monte depuis Théoule-sur-Mer, on s’émerveille assez vite à la vue des sommets coiffés de roches ocres atypiques, qui se dégagent des pins. A l’origine, « Esterel » signifierait « stérile », un qualificatif attribué en raison du sol volcanique peu propice à la végétation. Rien à voir avec les locaux, qui ont a priori une fécondité et une libido normales, comparables à la moyenne des Français.
(Vers) le col du Trayas
La végétation, en réalité, n’est pas si pauvre. Sur les versants sud, elle prend des accents méditerranéens, conférés par les pins et les chênes ; sur les versants nord, elle se fait montagnarde : les arbustes et la bruyère supportent mieux l’ombre. Les randonneurs bucoliques y verront un mélange harmonieux de paysages ; les randonneurs prudents y verront une mise en garde : ça va grimper et il va faire chaud.
Le col de la Cadière
Le sentier emprunte ensuite une piste forestière. La route est facile et calme ; on y croise surtout des cyclistes, la plupart souriants. Pourtant, le massif de l’Esterel a longtemps eu la réputation d’être mal fréquenté : durant des siècles, il a servi de repaire pour les brigands et les individus dangereux, en marge du littoral. Aujourd’hui, les délinquants s’y font rares ; les racailles, qui craignent les milieux sauvages, ne s’aventurent en général pas jusque dans la forêt.
Le Sommet des Grosses Grues
Une montée accessible, un parcours jalonné de fleurs, un panorama grandiose et un sentiment d’élévation à moins de 500 mètres d’altitude : l’Esterel est propice à une sortie en amoureux, agrémentée de contemplations bucoliques main dans la main. Attention : pour certains couples, cela ne suffira peut-être pas à allumer ou raviver complètement la flamme, et il sera nécessaire de conclure la journée par un restaurant sur le front de mer.
Le Sommet des Petites Grues
Les randonneurs de l’Esterel peuvent être divisés en deux groupes.
Il y a ceux qui ont emporté dans leur sac une serviette de plage, au cas où. Sur le sommet des Petites Grues, ils contemplent le bord de mer, en particulier la baie de Cannes ; les gouttes de transpiration qui ruissellent sur leur corps commencent à leur être désagréables.
Il y a ceux qui ont emporté dans leur sac une tente pour le bivouac, au cas où. Sur le sommet, ils orientent plutôt leur regard côté terre, vers le massif. Les gouttes de transpiration qui ruissellent sur leur corps ne les dérangent pas ; elles les caressent, les chatouillent. La randonnée ne s’arrêtera pas là.
Le pic de l’Ours
Du haut de ses 488 mètres, le pic de l’Ours fait figure d’objectif incontournable. Incontournable, mais facile : le parking du col Notre-Dame n’est qu’à quelques minutes de marche, en contrebas. Les amoureux de nature y admireront une fois encore les sommets de l’Esterel ; ceux qui préfèrent les créations humaines contempleront plutôt l’antenne-relais.
Les randonneurs de l’Esterel peuvent être divisés en deux groupes.
Il y a ceux qui ont emporté dans leur sac une serviette de plage, au cas où. Ils se contentent d’un rapide aller-retour entre le parking et le pic, avant de contacter un Uber pour rejoindre la plage de la Figueirette. Tant pis pour leur voiture, restée au point de départ de la rando.
Il y a ceux qui ont emporté dans leur sac une tente pour le bivouac, au cas où. Ils se contentent d’un aller simple vers le pic, avant de poursuivre plein sud sur le GR51, en direction de Marseille. Tant pis pour leur voiture restée au point de départ, pour leur famille qui les attend en contrebas, au niveau du col, et pour leurs collègues qu’ils devaient normalement retrouver le surlendemain, à leur retour de vacances.
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