Au sud des Alpes, deux ascensions de 3000 mètres sur des sommets arides, mais réputés faciles. Pour rassurer vos proches, insistez sur le « facile ». Pour les impressionner, insistez sur le « 3000 ».

Où ?
Pour les amateurs de géographie : Les deux sommets dominent le nord-ouest du parc du Mercantour. Dans la haute vallée du Verdon, ils surplombent un décor de pierres, de lacs, de prairies et de pins. Les randonneurs apprécient, les loups aussi.
Pour ceux qui n’aiment pas la géo : Pas très loin de Nice dans les montagnes.
Comment ?
On peut partir du village d’Allos ou, plus haut, du parking du Laus, ou même du col de la Cayolle, depuis les vallées du Var et de l’Ubaye.
Certains font les deux ascensions dans la même journée, mais le timing est plus que serré.
Pour prendre le temps de refaire ses lacets et de boire quelques gorgées d’eau, compter plutôt deux jours.
Pour prendre le temps de faire des ricochets au bord du lac d’Allos, de s’allonger au milieu des pâturages, de contempler les nuages et de parler aux vaches, compter trois jours.
Quand ?
Certains gravissent le Pelat l’hiver, à l’aide de piolets, de crampons ou de skis. Mais les mangeurs de saucisson préfèreront l’été, car ils n’aiment pas trop les plaques de glace et les chutes dans le vide.
Pourquoi ?
Pour savourer un saucisson
Des chercheurs de l’université d’Oxford ont montré que le cadre visuel modifiait la perception du goût. Pour varier les saveurs, sortez votre saucisson face à chaque nouveau panorama.



Pour un premier baiser
Si vous aimez les symboles, avancez main dans la main sur la crête du Pelat : votre randonnée en amoureux deviendra soudain puissante autant qu’instable, comme l’est une vie de couple intense.

Pour prendre un selfie
Vous comptiez vous photographier depuis les hauteurs du Lausson, mais on a pris votre place. Deux options s’offrent à vous : l’humilité, en acceptant qu’on vous vole la vedette ; l’autorité, en faisant fuir l’animal par quelques cris puissants pour prendre, seul, ce selfie mérité.

Pour écrire un poème
Beaucoup de randonneurs-poètes cherchent à écrire sur les sommets. Pourtant, à 3000 mètres, ils tombent souvent en panne d’inspiration : le froid, la fatigue, la vanité bloquent leur créativité.
Mieux vaut écrire en contrebas, dans le cadre doux, douillet et discret d’une prairie.


Pour faire un bilan
Le vide est à double tranchant lorsqu’on doute. Soit il donne envie d’aller de l’avant, soit il donne envie d’aller tout droit.

Pour perdre du poids
Le dénivelé est généreux, le panier repas du refuge est avare : vous devriez brûler des calories. Pour une perte de poids accélérée, foncez dans les montées et renoncez au goûter fourré à la fraise.


Pour prendre du poids
A 1km du parking, le refuge du lac d’Allos sert un menu du jour, des goûters, des rafraîchissements. Si vous tenez vraiment à faire une promenade, ne vous aventurez pas au-delà des sentiers aménagés en pierres.

Les saucicotes
Beauté





Certains ne jurent que par le spectacle aguicheur des sommets. D’autres préfèrent le charme subtil d’un pâturage ou d’une forêt de mélèzes.
Difficulté




Du dénivelé, mais rien de trop technique. Regardez vos pieds, restez concentré, et vous devriez pouvoir rentrer à la maison.
Tranquillité




Le parking est bondé, mais pas le sommet.