Alpilles, les coins à saucisson
Saint-Rémy-de-Provence
Notre parcours débute à proximité du site archéologique, et traverse une partie des plaines qui bordent la commune au sud. La piste longe de nombreux mas, ces maisons de campagne caractéristiques de l’habitat dispersé du sud de la France.
Ce sont souvent des villas cossues, élégantes constructions en pierre, entourées de pins, d’oliviers, et parfois de quelques pieds de vigne. En observant bien, on finit souvent par apercevoir une piscine, une véranda, une caméra de vidéosurveillance. Les randonneurs capitalistes ou libéraux apprécieront ce décor architectural et horticole, mais la vue de ces riches propriétés privées énervera les marcheurs communistes.
Le col de Vallongue
Il achève la brève montée qui relie la plaine à la crête, après 200 mètres de dénivelé et 500 mètres de distance. Les sommets ont une hauteur bien modeste, mais les roches calcaires qui les coiffent leur donnent tout de même des airs de montagnes. Ainsi, le parcours est idéal pour des trekkeurs qui sortent de burn-out, et souhaitent se relancer.
Pour donner à cette courte ascension un petit côté alpin, il faut faire comme à n’importe quel col d’altitude, même si l’effort a été réduit : prendre une pause, se féliciter, contempler la vue, prendre un goûter, quitte à absorber un excédent de calories.
Le plateau de la Caume
L’erreur serait de passer trop rapidement cette portion du parcours, sans profiter de son charme et de sa tranquillité. Entre rochers, garrigue et forêts, c’est probablement la partie la plus isolée du secteur ; elle correspond d’ailleurs à une aire de protection naturelle.
En repartant vers l’ouest, lentement cette parenthèse sauvage se referme. On croise d’abord une piste carrossable, puis une autre ; puis un, deux, trois promeneurs ; puis d’autres encore, en jean, avec des poussettes ou des chiens tenus en laisse. Puis on entend le bourdonnement d’un SUV ou d’une colonie de vacances. Enfin, la piste devient goudronnée, et le parking apparaît.
Les Cadenières
Plus à l’ouest, on retrouve un calme relatif. Les sommets percent à travers les forêts pour offrir un panorama sur près de 360°. On réalise alors que la nature est prise en étau, coincée entre les constructions humaines, les cultures et la périurbanisation, développée dans la région.
Les nostalgiques de la haute montagne tourneront plutôt le regard vers l’est, ou au nord, pour fixer le Ventoux. Mais on peut aussi en profiter pour contempler l’humanité avec douceur et bienveillance, en admirant l’antenne TV fixée sur la Caume, les fumées agricoles qui émergent de la plaine, l’agglomération d’Avignon ou même la raffinerie de Fos, dont scintillent au loin les flammes.
Les Baux-de-Provence
Avant de boucler notre parcours, nous effectuons un crochet au sud, pour profiter du spectacle offert par cette commune fortifiée, qui compte parmi ses incontournables un château et plusieurs musées, dont une carrière aménagée en centre d’art. Plusieurs catégories de visiteurs se croisent aux Baux : certains viennent essentiellement pour le patrimoine, d’autres pour la gastronomie, d’autres enfin sont là un peu par hasard et errent sans objectif précis.
C’est peut-être depuis les remparts que la randonnée nous offre son plus beau panorama, celui qui apparaît sur Google images à la requête « Alpilles ». Vers l’est, le décor mêle champs et massifs, pierres, forêts et cultures, géométrie des plantations et arêtes des reliefs. Nous achevons le parcours satisfaits, mais conscients d’une injustice : la culture de la vigne et de l’olive a plus de charme que celle de la betterave ou de la patate ; pourtant, elle est moins indispensable à la survie de la nation.
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