Une percée dans les Ecrins, qui débute dans les bords agricoles du Drac pour s’achever dans l’ambiance alpine de Vallonpierre. Un peu comme un passage accéléré de la Haute-Marne à la Haute-Savoie.

En bref
Le parcours en 3 phrases
Un démarrage en douceur, à travers plateaux et champs. Une vallée qui rétrécit et s’encaisse progressivement. D’imposants sommets de plus de 3000 mètres en ligne de mire.
Le parcours en 3 chiffres (approximatifs)
Une 40aine de kilomètres. 5 villages traversés. 1 seule épicerie.
3 informations à savoir, pour impressionner vos proches durant la rando
Le Valgaudemar est surnommé le « petit Himalaya », ce qui est probablement exagéré mais ce qui met le marcheur dans l’ambiance.
« Valgaudemar » doit son nom à un roi burgonde ; l’anecdote peut être utilisée à peu près n’importe où, mais ici elle semble véridique.
Certaines habitations sont tellement encastrées dans la vallée qu’on y a longtemps fêté, au printemps, le retour du soleil ; la fête consistait à manger une grande omelette collective.
Où ?
–Vous aimez la géo : On rejoint le Valgaudemar en empruntant la célèbre route Napoléon qui relie la Méditerranée à Grenoble. Le parcours débute par la large vallée agricole des Drac, au nord de Gap, pour emprunter celle de la Séveraisse, beaucoup plus étroite, qui entaille par l’ouest le massif des Ecrins et finit par rejoindre l’aire du parc national.
–Vous n’aimez pas la géo : De Grenoble, N85 direction Gap, puis tourner à gauche au Proxi de St Firmin, puis D985A.
Comment ?
–Classique : Longer la vallée en suivant le GRP Tour du Vieux Chaillol, puis le GR54. Une variante possible et spectaculaire par les lacs de Pétarel.
–Plus dur : Le tour des refuges du Valgaudemar s’écarte de la vallée pour se rapprocher des sommets et des glaciers qui la bordent.
–Plus facile : Plusieurs navettes parcourent chaque jour la vallée jusqu’à La Chapelle.

Pourquoi ?
Pour savourer un concombre
Le concombre présente de nombreux avantages : il apporte fraîcheur, fibres et hydratation, se transporte et se conserve plutôt facilement au cours de la marche. Ce sera le compagnon idéal pour une pause healthy en bord de torrent.

Si la faim persiste, on peut compléter la collation par un saucisson.

Pour écrire un poème
Les reflets sur le lac de Roaffan au petit matin seront source d’inspiration. Une fois l’oeuvre achevée, on peut abandonner l’écriture pour un peu de farniente au bord de l’eau, avec le sentiment du devoir accompli.

Vous pourrez même profiter des appareils de musculation du parc voisin, pour faire de vous un écrivain complet, à la fois spirituel et sexy.

Pour un premier baiser
Les lacs de Pétarel semblent être le cadre incontournable pour une première aventure à deux. Le premier lac offre plus d’intimité, le second plus de spectacle.
Si malgré le décor, vous ne parvenez pas à conclure avec votre partenaire, c’est que vous n’aviez aucune chance.

Pour faire des économies
Comptez environ 50000 € pour un périple dans l’Himalaya, 500 € pour un périple dans le Valgaudemar, le « petit Himalaya ». En exagérant un peu et en jouant sur les filtres photos, vous réussirez bien à impressionner vos collègues avec le récit de vos aventures.

Pour fuir la civilisation
Le Valgaudemar fait partie de ces petits bouts du monde dont notre pays regorge secrètement. Attention, les trésors cachés de la France sont prisés des touristes nationaux ou étrangers ; pensez à bien réserver votre emplacement de camping à La Chapelle.

Le top 5
Le plus bas
Notre randonnée a débuté sur les plateaux agricoles qui relient le Valgaudemar au Champsaur, à 900 mètres d’altitude environ. Les départs sur terrain plat sont souvent des moments d’euphorie, durant lesquels les aisselles restent fraîches, les chansons rythment les pas, les douleurs articulaires restent en dormance. On s’émerveille à la vue des sommets environnants, on disserte longuement sur le bien-être procuré par la marche, on peaufine ses objectifs chiffrés et ses exploits à venir.

Le plus doux
Les premiers arrêts au bord de la Séveraisse sont propices à la camaraderie et à la récupération. On trempe quelques orteils, on s’éclabousse au milieu des rires, on se livre à quelques confidences au bord de l’eau. Certains méditent quelques minutes, d’autres savourent une salade en barquette. Une brève toilette du dos et des aisselles, parfois de l’entre-jambes, permet de reprendre la marche avec l’agréable sentiment de disposer d’un corps tonique et frais.


Le plus long
Le sentier suit la rivière, qui disparaît et réapparaît successivement. Les kilomètres s’enchaînent, le plat se transforme en faux plat, les pauses fraîcheur se raccourcissent pour se limiter à l’essentiel, des gorgées d’eau, une noix de crème solaire. Quelques coups d’oeil discrets sont jetés aux montres connectées pour évaluer la distance restante. Discrètement, un tout premier pansement anti-ampoule Compeed est sorti de la trousse à pharmacie, à l’abri des regards. Les fruits secs perdent déjà de leur saveur.

Le plus dur
Une fois passé le refuge Xavier Blanc, la vallée vient buter contre les reliefs. L’atmosphère est alors plus alpine et les dénivelés plus coriaces. Les arbres et les conversations deviennent plus rares, les barres chocolatées se multiplient. Les touristes hollandais que l’on croise changent d’aspect : moins rougeauds et moins bedonnants que ceux l’on croise à la-Chapelle-en-Valgaudemar, ils sont de plus en plus grands, sveltes et bronzés.

Le plus haut
Après une montée en lacets sportive, notre itinéraire s’achève par un bivouac au refuge de Vallonpierre. Depuis ses 2271 mètres, la vallée est déjà loin, l’ambiance plus sauvage. L’eau du lac est plus trouble et vaseuse que sur les photos Instagram, mais plus propre que nos corps. Les bières du refuge sont plus chères qu’en contrebas, mais c’est une dépense méritée, indispensable à notre réhydratation. Les toilettes turques à disposition des campeurs présentent quelques résidus de selles anciennes, mais notre organisme revenu à l’état de nature s’y accommode parfaitement.

Trop…
Trop facile ?
Si une pente à 10 degrés ou la vue d’un lac vous laissent parfaitement sec, sans la moindre goutte de sueur procurée par l’effort ou par l’émotion, c’est qu’il est peut-être temps de s’attaquer au Sirac voisin.

Trop dur ?
Il est normal de pleurer un peu durant une longue montée. Si les larmes sont trop fréquentes, c’est qu’il vaut peut-être mieux repartir vers la vallée. Le Valgaudemar regorge d’autres trésors.

Les saucicotes
Beauté





On commence par les champs de maïs, on finit par les névés. L’inverse est un peu moins stimulant.
Difficulté




C’est sportif, mais il y a moins de morts que dans l’Himalaya.
Tranquillité



Trop plate pour les trekkistes, trop pentue pour les touristes, seule la partie aval semble vraiment déserte.